JOURNÉE MONDIALE DES DROITS DES CONSOMMATEURS
Newsletter, 15 mars 2022
Les fleurs coupées en France
Suite à la diffusion du documentaire Sur le front « Saint Valentin : que cachent vos bouquets ? » sur France 5 le 7 Février dernier, notre structure a souhaité consacré une Newsletter spéciale à l’occasion de la Journée mondiale des droits des consommateurs. Le documentaire portait sur les fleurs vendues chez la quasi-totalité des fleuristes en France.
Ainsi, le spectateur a pu apprendre que les fleurs coupées en France transitaient pour la majorité par le Marché aux fleurs d’Aalsmeer, basé aux Pays-Bas. L’origine des fleurs vendues sur cette plate-forme de vente aux enchères est diverse, et certaines fleurs vendues sur ce Marché gigantesque proviennent de France pour ensuite revenir…en France ! En effet, les producteurs de fleurs françaises ont intérêt à vendre leur production via cette plate-forme, qui malgré les coûts de transport (et de pollution), reste plus rentable tant pour les producteurs que pour les acheteurs.
Une partie du documentaire traitait des roses vendues en France. Ces dernières, vendues toute l’année en France peu importe la saison, proviennent de fermes aux roses. La principale ferme consacrée à la production des roses se trouve en Ethiopie, où des produits interdits en Europe sont utilisés en toute impunité pour booster la croissance des roses et leur production. L’utilisation de ces produits dangereux et nocifs tant pour la nature que pour l’homme, est un désastre écologique à bien des points de vue : pollution des cours d’eau où sont déversés les produits, pollution des terres, exposition du personnel à ces produits sans protection ni équipement adaptés, pollution carbonne via le transport aérien des roses (avions spécialement réservés pour le transport de ces fleurs)…
On se sait pas qu’en offrant des fleurs, le bouquet cache tout un traffic,une dangerosité et une pollution méconnus du grand public.
Les produits alimentaires importés font l’objet de contrôles rigoureux. Les fleurs ne font l’objet d’aucun contrôle. Une légistation devra être rapidement pensée et mise en place à ce propos.
La présente Newsletter ne pourra pas développer l’intégralité du monde des fleurs vendues en France.
Nous vous invitons à regarder le documentaire en replay

Je suis allée à la rencontre de Laurence Fabre, artisan-fleuriste basée à Fontain, dans le Doubs. Sa micro- entreprise Atelier Digitale a vu le jour en Juillet 2021 après l’obtention d’un CAP Fleuriste au mois de Juin 2021.
En parallèle de son activité professionnelle principale entant que cheffe de projet urbain à Grand Besançon Métropole, elle confectionne des compositions florales et végétales avec des fleurs et des plantes de saison issues exclusivement de la production horticoles locales et françaises. Ses compositions sont disponibles sur commande en livraison ou à l’atelier, sous forme d’abonnement floral, mais également un dimanche sur deux sur le marché de Battant à Besançon, de 8h à 13h.
Cette fleuriste engagée a rejoint le Collectif de la fleur française afin de promouvoir la vente de fleurs de saison françaises, et le plus possible, locales.
Voici le constat qu’elle a dressé: « Le marché de la fleur coupée est soumis aux effets de la mondialisation au détriment du bon sens économique et écologique. L’horticulture française a connu des années fastes mais en 50 ans, le nombre d’exploitations horticoles françaises a été divisé par 10 (source : Fleurs d’ici).
Aujourd’hui, 80% des fleurs utilisées en France sont importées. Les modes de production des fleurs étrangères sont difficilement traçables, qu’il s’agisse des conditions de travail ou de l’emploi d’intrants qui abîment notre planète (source : Cindy Chapelle – Des cultures responsables et durables Ed plume de carotte).
Les fleurs locales et de saison se font rares. Pourtant, la consommation locale et de saison, désormais bien connue en matière d’alimentation, est aussi pour les fleurs. La provenance et la saisonnalité sont des critères d’achat qui commencent à émerger sur le marché des fleurs coupées.
Où sont-elles produites? Comment sont-elles cultivées? Quelle est leur période naturelle de floraison? Cette prise de conscience progressive d’une société en quête de nouvelles pratiques de consommation raisonnée encourage les acteurs de la filière française à s’organiser pour soutenir la production locale et l’approvisionnement en circuit court.
Le marché français des fleurs de saison, en parallèle de la logique du commerce international, pourrait bien redynamiser l’horticulture locale et devenir un atout indéniable des petits producteurs de fleurs françaises.
Acteur majeur de ce mouvement, le Collectif de la fleur française œuvre depuis 2017 pour soutenir une agriculture plus responsable, encourager les savoir-faire agricoles et l’artisanat et faire évoluer les pratiques de consommation.
L’association réunit aujourd’hui plus de 300 adhérents, producteurs, fleuristes et grossistes, dont fait partie l’Atelier Digitale.
Ensemble, nous nous attachons à retrouver le parfum des fleurs, la diversité des espèces, la fraîcheur d’un bouquet juste cueilli ».

Au cours de l’entretien, j’ai eu le plaisir d’échanger avec une personne passionnée, attachée à la nature et à une économie solidaire et responsable.

A la question “Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans les fleurs?” Laurence Fabre me répond qu’elle se souvient du jardin fleuri de sa grand-mère et des bouquets de Glaïeul ramenés du marché par son grand-père. A 40 ans, elle a eu l’envie de se projeter dans cet univers et de se consacrer à une activité créative et manuelle. Le temps de mûrir son projet, elle a débuté une formation à distance pour obtenir son CAP et devenir artisan Elle a ensuite complété sa réponse en me disant que le métier de fleuriste c’est la rencontre de la nature et de l’art, de la technique et de la créativité.
Laurence Fabre, lorsque c’est la saison des fleurs en Franche-Comté, se fournit quasi en totalité auprès de Monsieur Bernard Nirousset, producteur de fleurs coupées dans le département de la Haute-Sâone. Cet horticulteur, ou floriculteur (ce nom commence à voir le jour de plus en plus), est basé à Pesmes et est lui aussi un passionné de son métier. Il est seul pour planter, cultiver, vendre et livrer ses productions.
Ainsi Atelier Digitale peut se voir proposer (selon la saison) tulipes, arums, alstroemères, campanules, camomille, choux, reines-marguerites, tournesols, scabieuses, lys, chrysanthèmes…et bien d’autres fleurs encore!
Laurence Fabre peut également solliciter Madame Myriam Brenier ponctuellement pour des fleurs dites de
Jardin (Pivoine, Zinnia, Alster, Nigelle de Damas, Delphinium, Digitale, etc). Cette dame est floricultrice et vend directement sa production sur le Marché place de la Révolution à Besançon. Cette personne a créé Le Jardin de Mimi et cultive deux parcelles: l’une située à Mazerolles (25) et l’autre à Salans (39). Sa production ne permet pas de fournir les fleuristes locaux. Elle vend la quasi totalité de sa récolte elle-même.
Lorsqu’il n’est pas possible d’avoir des fleurs locales (le climat en Franche-Comté ne permet pas la culture de fleurs tout au long de l’année), Laurence Fabre m’indique se fournir en fleurs françaises (fleurs du sud essentiellement) par l’intermédiaire de Sodif, grossiste en fleurs coupées également membre du Collectif de la fleur française. Les principales régions de production de fleurs en France sont la région PACA, la Bretagne, la Nouvelle Aquitaine, l’Ile de France. Cette production française se retrouve sur les deux plateformes de vente qui existent dans l’hexagone: Rungis et Hyères.
Laurence Fabre met en avant la difficulté de se fournir en fleurs françaises. Les producteurs sont encore trop peu nombreux à ce jour et le système logistique n’est pas assez développé et performant pour faire le lien entre producteurs et fleuristes. Elle m’indique néanmoins que de plus en plus de fermes florales voient le jour en France (majoritairement initiées par des femmes) mais que la plupart de ces fermes vendent directement leur production aux consommateurs et aux fleuristes présents autour de leur ferme.
Ainsi, une grande majorité de fleuristes en France achètent des fleurs et des plantes via les grossistes hollandais, beaucoup plus performant en matière de logistique. Ce marché mondial est également plus rentable en raison des volumes transportés. Et il est souvent plus simple de s’approvisionner auprès d’un grossiste qui a tout dans son camion plutôt que de multiplier les sources d’approvisionnement, en fonction des saisons et des spécificités des producteurs.
Laurence Fabre aime confectionner des bouquets et compositions à partir de fleurs locales et/ou de France et y ajouter des éléments directement glanés dans la nature: soit dans son jardin soit dans la forêt et les champs autour de chez elle.
Pour la fête des Grands-mères qui a eu lieu le 6 Mars dernier, Atelier Digitale a proposé des compositions à partir de renoncules, de jonquilles, de tulipes, d’alstromères et d’arums, ainsi que des arrangements de plantes fleuries de saison produites à Amagney (25).
Vous pouvez passer commande pour vos fêtes et évènements aux coordonnées suivantes : 06 66 06 33 13 ou par mail contact@atelierdigitale.fr.
Atelier Digitale propose également des formules d’abonnement pour fleurir votre intérieur en fleurs locales et de saison.
Je remercie sincèrement Laurence Fabre pour son accueil et sa disponibilité : quel bonheur d’échanger avec une passionnée des fleurs et de la nature !
Agnès Gourvennec, Juriste.

